lundi 17 février 2020

LES RESEAUX SOCIAUX ONT BON DOS




Nuances

Affaire Griveaux: les réseaux sociaux ont bon dos
edito  libre  par


Haro sur les réseaux ! Depuis vendredi, les appels à cadenasser les réseaux sociaux, à rendre l’anonymat hors-la-loi et à restreindre la liberté d’expression fusent. Observateurs et élus sont d’accord : si Benjamin Griveaux a jeté l’éponge, c’est à cause des dérives de la société numérique qui fragilisent notre démocratie.
Face à un risque aussi important (et bien réel, comme l’a montré l’affaire Cambridge Analytica), la classe politique ne peut pas se laisser emporter par l’émotion.
Réguler l’expression sur les réseaux sociaux avec de nouvelles lois ? De nombreuses dispositions existent déjà, y compris pour sanctionner la diffusion d’images présentant un caractère sexuel sans le consentement de l’intéressé(e) ; ce qui manque ce sont les moyens de les faire respecter. Cela reviendrait aussi à céder aux injonctions des réseaux sociaux qui réclament un régime spécial, comme l’a fait encore, samedi, à Munich, le PDG de Facebook Mark Zuckerberg, esquissant les contours d’une « réglementation spécifique » qui serait à son goût, quelque part entre les médias et les opérateurs télécoms.
Supprimer l’anonymat ? Que cette suggestion resurgisse à l’occasion de la présente affaire laisse pantois. Primo, l’artiste Piotr Pavlenski a revendiqué très ouvertement la publication des vidéos. Deuxio, ceux-là mêmes qui dénoncent l’anonymat sur Internet redoutent la dictature de la transparence ! Savoir ou se tapir, il faut choisir.
Et c’est peut-être dans cette contradiction que se trouve le vrai sujet de cette affaire : les réseaux sociaux marquent surtout la fin de la transparence à géométrie variable. Celle qui fait qu’on salue leur usage pour libérer la parole en Chine face à des autorités à la vérité sélective, mais qu’on les disqualifie dès qu’ils deviennent inconvenants à domicile.


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