vendredi 6 décembre 2019

LOUIS BLANC ET LES ATELIERS NATIONAUX

Décès

Louis Blanc

28 octobre 1811 à Madrid (Espagne) - 6 décembre 1882 à Cannes

L'Histoire éclaire le présent

Biographie Louis Blanc
Né à Madrid dans la famille d'un inspecteur général des finances du roi Joseph Bonaparte, Louis Blanc connaît une jeunesse difficile avant de devenir journaliste, se rallier au socialisme et fonder à Paris, en 1839, La Revue du Progrès.
La même année, il se fait connaître par son livre L'Organisation du travail, dans lequel il dénonce la concurrence, néfaste pour les ouvriers car elle écrase les salaires et pour les patrons car conduit aux monopoles. « La concurrence tue la concurrence », dit-il superbement. Pour y remédier, il préconise un régime d'associations organisé par l'État, à charge pour lui de réguler la production et de créer des « ateliers sociaux », avec les mêmes salaires pour tous, des chefs élus et un partage des bénéfices en trois (primes aux salariés, fonds de solidarité et investissements). Ces associations ressemblent assez à des coopératives de production. 
En 1841, il publie un pamphlet historique contre le régime de Louis-Philippe : Histoire de dix ans. Le roi le compare « au feu d'une batterie de canons contre les bastions du loyalisme ».  Un peu plus tard encore, c'est une Histoire de la Révolution française dont il met en avant les aspects sociaux.
Quand le roi est renversé, en février 1848, les ouvriers imposent la présence de Louis Blanc au sein du gouvernement provisoire. Le meneur tente mais en vain de créer et obtenir un ministère du Travail. Mais le gouvernement l'écarte en lui confiant la présidence de la commission du Luxembourg, créée le 28 février en vue d'améliorer la condition ouvrière. Il limite les horaires de travail et fonde des bureaux de placement gratuits et tente aussi de mettre en oeuvre ses ateliers sociaux. Il en crée trois, dans la sellerie, la confection et la passementerie. Malgré la fermeture de la commission en mai 1848, les « ateliers Luxembourg » vont atteindre un total de 120 en 1851.
Le gouvernement provisoire va toutefois contrecarrer l'initiative en ouvrant les Ateliers nationaux. Leur échec dramatique va rejaillir sur le socialisme de Louis Blanc. Rendu à tort responsable des massacres de juin 1848, ce dernier va s'exiler en Angleterre et n'en reviendra qu'à la chute de Napoléon III.

27 février 1848

Ouverture des Ateliers nationaux

Le 27 février 1848, quelques jours après la fuite du roi Louis-Philipe, le gouvernement provisoire de la IIe République décide d'ouvrir des Ateliers nationaux pour donner du travail aux chômeurs, à Paris et en province.
Très controversé, le projet est avant tout destiné à contenir les revendications du socialiste Louis Blanc, qui a le soutien des ouvriers. Il est confié au ministre des Travaux Publics, Alexandre Marie de Saint-Georges, dit Marie.
Alban Dignat

Ateliers nationaux sur le Champ de Mars (Paris)

L'utopie de Louis Blanc

Dès sa formation, le gouvernement provisoire accueille en son sein Louis Blanc. La présence du meneur socialiste au gouvernement a été imposée par les ouvriers.
Louis Blanc se voit refuser toutefois la création d'un ministère du Travail et il est écarté dès le 28 février 1848 en se voyant nommé à la présidence de la commission du Luxembourg tout juste créée. Sa mission est d'améliorer la condition ouvrière.
Comme Louis Blanc s'accroche à l'idée de créer des « ateliers sociaux » ou en d'autres termes des coopératives de production, le gouvernement tente de lui couper l'herbe sous le pied en lançant les Ateliers nationaux, qui s'apparentent quant à eux à des organismes de bienfaisance. Il s'agit d'« élever autel contre autel », dit Marie lui-même.

Trop généreuse République

Louis Blanc (Madrid, 28 octobre 1811 ; Paris, 6 décembre 1882)Le ministre ouvre des Ateliers nationaux à Paris et quelques autres villes. Les ouvriers sont organisés sur un mode militaire, en escouades, brigades, lieutenances, compagnies. Il est d'ailleurs prévu qu'ils servent aussi dans la Garde nationale et puisse à l'occasion participer à la répression de manifestations ouvrières !
Mais très vite, les pouvoirs publics sont débordés. Dès le mois d'avril, plus de cent mille personnes sont prises en charge sans que l'on ait des travaux à leur confier. Certaines escouades sont amenées à dessoucher des arbres d'alignement pour en replanter ou creuser des tranchées pour les reboucher ensuite !
Cette mesure se révèle coûteuse et inefficace. Qui plus est, les chantiers deviennent des foyers d'agitation révolutionnaire.
La victoire des républicains conservateurs aux élections de l'Assemblée constituante, le 23 avril 1848, amène un durcissement de l'action gouvernementale et la dissolution des Ateliers nationaux le 21 juin 1848. Désespérés, les ouvriers s'insurgent.
La répression est sanglante. Elle consacre la rupture entre la République et la classe ouvrière.

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