jeudi 21 novembre 2019

JOSEPH CAILLAUX

L'Histoire éclaire le présent

Enquêtes et récits

Joseph Caillaux (1863 - 1944)

Pacifiste de raison

 Ministre des finances de Georges Clemenceau en 1906, il tente de faire voter le projet d'un impôt progressif sur le revenu. C'est le début d'un long marchandage avec la droite parlementaire et le centre gauche.
Appelé à la Présidence du Conseil le 27 juin 1911, Joseph Caillaux est confronté le 1er juillet 1911 à l'«incident d'Agadir». La France et l'Allemagne sont sur le point de se faire la guerre pour s'approprier le Maroc ! Convaincu avec raison qu'une guerre ruinerait l'Europe, il négocie un compromis de la dernière chance, ce qui lui vaut d'être honni par une grande partie de la classe politique.
Le 14 janvier 1912, il doit céder la Présidence du Conseil à Raymond Poincaré, plus que quiconque déterminé à préparer le pays à l'éventualité d'une guerre. Il veut pour cela porter de deux à trois ans la durée du service militaire.

La guerre inéluctable

L'année suivante, en janvier 1913, Raymond Poincaré est élu à la présidence de la République et fait voter la loi sur le service de trois ans. Mais les gauches radicale et socialiste, représentées par Joseph Caillaux et Jean Jaurès, s'y opposent avec vigueur. 
En quête de compromis, Raymond Poincaré appelle à la présidence du Conseil Gaston Doumergue, un radical favorable à sa loi des trois ans. Joseph Caillaux entre au gouvernement comme ministre des Finances. 
Tout indique qu'il pourrait revenir à la présidence du Conseil à l'issue des élections législatives du printemps 1914...  C'est alors que survient, le 16 mars 1914, l'acte désespéré de sa femme. Celle-ci, ne supportant pas une campagne de calomnies organisée par Le Figaro, tue le directeur du journal, Gaston Calmette. Joseph Caillaux démissionne du gouvernement et se consacre à sa défense.
Raymond Poincaré appelle à la tête du gouvernement un socialiste qui s'est prononcé pour la loi des trois ans, René Viviani. L'impôt sur le revenu est définitivement adopté en juillet 1914, en contrepartie de l'acceptation par la gauche du service militaire de trois ans.

Épilogue

Dès le début de la Grande Guerre, Joseph Caillaux part avec sa femme pour de longs voyages à l'étranger qui ne sont pas seulement touristiques. Fidèle à ses convictions, il cherche à tisser des liens en vue de hâter une paix de compromis.  
En janvier 1918, Georges Clemenceau le fait incarcérer sous l'inculpation de haute trahison. Le Sénat, constitué en Haute Cour, le condamne en février 1920 à trois ans de prison. Amnistié, il se fait réélire député de Mamers et revient même au gouvernement comme ministre des Finances en avril-octobre 1925, mais sa place dans l'Histoire aura été escamotée à jamais, en laissant le regret d'une guerre qui aurait pu être, sinon empêchée, du moins mieux conduite.

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