vendredi 23 août 2019

L'EDITO DE L'OPINION: DETTE PUBLIQUE - LES NOUVEAUX SPECULATEURS

Dette publique : les nouveaux spéculateurs

Nicolas BEYTOUT : opinion 21 août 2019

Nicolas Beytout
Vu de Bercy, c’est certainement une bonne nouvelle : Gérald Darmanin a annoncé que grâce aux taux d’intérêt désormais négatifs, l’Etat français allait encore économiser 2 milliards d’euros cette année sur le remboursement de sa dette. C’est une formidable aubaine, pour un gouvernement qui court après le moindre sou sans pouvoir réduire vraiment les dépenses. Alors que le ministre des Comptes publics estimait il y a un an que la dette publique coûterait 42 milliards d’euros aux Français, il peut même espérer rogner la facture initiale de quelque 5 milliards.
Pas de quoi être euphorique, toutefois. D’abord parce que cette cagnotte d’un nouveau genre ne doit rien (ou presque) à l’état de santé de l’économie française et encore moins à la politique du gouvernement. Si le coût du crédit est aussi attractif, c’est avant tout parce que les banques centrales l’ont imposé dans le monde entier. Ensuite parce que, on le sait avec certitude, cette situation ne durera pas. Viendra un moment où cette politique un peu folle aura créé de telles montagnes de dettes qu’il faudra bien corriger le tir.
Et payer nos dettes à leur prix réel.
Mais il est vrai que ce danger est lointain. Il en existe un, en revanche, beaucoup plus proche et plus insidieux. C’est une petite musique, fredonnée par de bons économistes sur l’air du « ça ne coûte rien, profitons-en » : la France, disent-ils, devrait profiter de cette conjoncture exceptionnelle pour s’endetter davantage et investir. Une partie de la gauche en fait déjà son programme, comme fascinée par cet argent qui lui semble gratuit. Elle devrait pourtant relire son Mitterrand dans le texte : « Aujourd’hui, on peut s’enrichir en dormant », dénonçait celui qui n’avait pas de mots assez durs contre la spéculation. Attention à ne pas spéculer sur la dette du pays.

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