mercredi 10 avril 2019

ALCOOTEST SUR LES BOULODROMES

Révolution sur les boulodromes:

 des contrôles d'alcoolémie aux concours de pétanque


Rémi Buhagiar: Publié le 

Depuis janvier 2019, la Fédération française de pétanque a décidé d’exclure tous les joueurs qui consomment de l’alcool. Des contrôles auront lieu lors des tournois à partir de cette semaine.

Finis les clichés, il n’est désormais plus possible de jouer à la pétanque après avoir consommé de l’alcool. Le 1er janvier 2019, Fédération française de pétanque et de jeu provençal (FFPJP) a décidé d’exclure tous les joueurs contrôlés avec plus de 0,5 gramme d’alcool par litre de sang.
La mise en place de cette nouvelle règle est effective depuis moins d'un mois. Les contrevenants s’exposent à une disqualification de la compétition, mais aussi à une radiation de la FFPJP, en fonction de la gravité des faits.
En Haute-Garonne, le département qui compte le plus de licenciés en France (12 000), des médecins et membres du comité départemental ont été désignés pour se rendre chaque week-end sur les compétitions, équipés d’éthylotest. « C’est une bonne chose pour nous, ça va nous enlever une belle épine du pied », réagissent Michel Soumebelle et Patrick Taurine, les coprésidents du club bouliste de Tournefeuille.

De plus en plus de violences

Le 10 mars dernier, ces deux passionnés ont assisté, impuissants, à une violente altercation entre des participants à leurs tournois. « Les protagonistes étaient très éméchés. Ils s’insultaient durant la partie. Puis finalement, ils en sont venus aux mains dans notre local. On ne veut plus tolérer ça », précise les dirigeants de l’association.
« J’en ai vu arriver en buvant. Que se passe-t-il si ces boulistes ont un accident en voiture en rentrant chez eux ? »
Ce pugilat n’est pas un acte isolé, bien au contraire. La majorité des présidents interrogés observe des comportements de moins en moins adaptés au sport-boules. « Les problèmes sont fréquents. Des personnes se rendent sur les compétitions complètement ivres. Des participants transportent même des bouteilles dans leur voiture pour consommer discrètement. Ils deviennent ensuite incontrôlables sur les boulodromes », constate Serge Mexès, le dirigeant du club de Saint-Orens, visiblement soulagé par cette nouvelle directive.
« J’en ai vu arriver en buvant. Que se passe-t-il si ces boulistes ont un accident en voiture en rentrant chez eux ? », s’interroge Robert, inscrit à Tournefeuille. « En plus d’être désagréable, le joueur peut être considéré comme dopé, puisque l’alcool lui permet de se détendre et se relâcher. La pétanque est avant tout un sport de concentration. », poursuit Setha, qui porte les couleurs de Saint-Simon.

« Compenser les pertes de la buvette »

Cette réforme empêche aussi les clubs de vendre de l’alcool « fort ». Seuls les bières et les vins chauds sont tolérés. « Mais les compétiteurs devront rester dans les clous », prévient Michel Le Bot, le président du comité départemental de Haute-Garonne et vice président délégué de la FFPJP. « On prône le sport santé, l’alcool n’a rien à faire dans une enceinte sportive », avertit-il.
Plusieurs représentants de clubs annoncent déjà qu’ils ne respecteront pas cette décision. « Les habitués viennent pour l’esprit convivial. Ils vont nous tuer avec toutes ces transformations. Sans compter que la buvette représente la majeure partie des revenus de toutes les associations. Il va falloir compenser ces pertes », indique un responsable de club, sous couvert d’anonymat.  
Même si la pétanque ne sera pas représentée au Jeux Olympiques 2024, les dirigeants de la Fédération tentent de professionnaliser ce sport. Depuis avril 2018, le port des jeans, des débardeurs ou des claquettes est interdit lors des tournois officiels.
Les contrôles d’alcoolémie étaient nécessaires pour continuer d’évoluer. « Je trouve que cette décision est sage, nous sommes plus crédibles » estime le Tournefeuillais Patrick Taurine. Ces changements permettront-ils d’attirer plus de jeunes pétanqueurs ? « On l’espère. Actuellement, les parents préfèrent que leurs enfants fassent du rugby ou du football. Mais nous avons un rôle à jouer », prédit le Saint-Orennais Serge Mexès.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire